Page 22 - مغرب التغيير PDF
P. 22
10 Nation Le Maroc du Changement
Du 1er au 28 février 2015
Signature d’une convention de partenariat entre la Fondation Nationale
des Musées et le Musée des Beaux Arts de Montréal
Une convention de partenariat Montréal est l’un des premiers éta- aussi, en vertu de ce partenariat, à toute autre activité de portée cultu- de cette convention de partenariat
a été signée, récemment, entre la blissements muséaux en Amérique mettre en place dans le cadre de leurs relle, scientifique et artistique d’in- avec l’un des plus grands musées de
Fondation Nationale des Musées du Nord à former une collection missions des projets communs tels térêt commun, de la réalisation de l’Amérique du nord et du Canada,
(FNM) et le Musée des Beaux Arts encyclopédique qui compte plus que le développement et le rayon- prêts et de dépôts d’oeuvres d’art ajoutant qu’elle va permettre à la
de Montréal (MBAM), en présence de 41.000 œuvres, de l’Antiquité à nement des collections des deux entre les deux parties pour l’organi- Fondation Nationale des Musées de
d’une pléiade de personnalités maro- nos jours. Elle comprend des pein- institutions, à travers l’organisation sation d’expositions, outre la présen- bénéficier de la très grande expé-
caines et canadiennes oeuvrant dans tures, des sculptures, des œuvres d’expositions dédiées à la promotion tation de conseils en conservation et rience et de l’expertise du MBAM,
le domaine de la culture et des arts. graphiques, des photographies et des de l’art et de la culture au Maroc et en restauration d’objets d’art issus notamment en matière de formation.
Signée par M. Mehdi Qotbi, prési- objets d’arts décoratifs, déployés au Canada, l’échange des expertises des collections de la FNM par les Cette convention de partenariat per-
dent de la FNM, et Mme Nathalie dans quatre pavillons, dont un dédié technique, logistique, artistique et spécialistes du MBAM. mettra aussi à la FNM d’avoir une
Bondil, Directrice et conservatrice aux cultures du monde et un autre à scientifique, le développement des En vertu de cette convention, les porte d’accès culturelle encore plus
en chef du MBAM, cette convention l’art international. connaissances et des compétences deux parties signataires s’engagent grande sur l’Amérique du Nord,
s’assigne pour principal objectif de Aux termes de cette convention, les professionnelles et la mise sur pied notamment à mettre en place un en particulier sur le Canada, via le
renforcer la collaboration et le parte- deux parties s’engagent à coopérer de programmes de formation dans comité de suivi et d’évaluation, Musée des beaux arts de Montréal,
nariat entre les deux institutions dans dans les domaines de la formation, le domaine de la muséologie et de la composé de membres représentant une métropole multiculturelle où vit
les domaines culturel et artistique et de la recherche, de la restauration muséographie. la FNM et le MBAM qui tiendra une importante communauté maro-
d’intensifier les échanges culturels et de la préservation du patrimoine, Les deux institutions conviennent au minimum une réunion tous les caine attachée à l’art et à la culture
dans le domaine muséal entre le ainsi que dans le cadre de projets aussi de la mise en place de pro- quatre mois. de son pays d’origine.
Maroc et le Canada. scientifiques et culturels conjoints. jets médiatiques, l’organisation de Dans une déclaration à la MAP, M.
Le Musée des Beaux Arts de La FNM et le MBAM s’engagent conférences, de colloques ou de Qotbi s’est félicité de la signature
Festival Couleurs de Doukkala
15 longs métrages sélectionnés pour la compétition
Ils étaient plus d’une centaine à s’être mille valeurs. Houcine Talal, Abdellah un état d’esprit et un état de cœur. peinture l’insaisissable, cette ambiance figurative du Nord
déplacés. Ils ont bravé ce froid pinçant Dibaji, Ahmed Ben Yessef et Hicham Chaque personnage également a sa vie, dont laquelle baigne l’environnement Ahmed Ben Yessef est l’un des artistes
les corps. Ils sont venus de partout du Naji ont les heureux élus en attendant a sa place voire un côté de la magie. dans lequel il vit. Les lignes, telles des pionniers sur la scène artistique natio-
Royaume et d’outre- mer. De tout âge et d’autres dans les années à venir. Il est important de donner la magie à failles transformantes, participent au nale et internationale. Ses peintures,
de tout bord de l’art, on lisait dans leurs Houcine Talal, peintre de la solitude l’expression. Dans chaque personnage, mouvement d’ensemble et a l’exagé- dessins, gravures et photographies
yeux une joie indescriptible. Une joie, et de l’essentiel il y a une étrange beauté », confie Tala. ration de l’expression. Elles structurent décrivent le parcours de cet artiste
non pas uniquement pour participer à Les enfants de célébrités sont sommés Loin de toute ressemblance ou répéti- la toile sans apparaitre, inondées par allant des premières études à l’Ecole
cette fiesta artistique réunissant plus de se faire un prénom. Houcine, lui, tion stéréotypée, la peinture de Tallal, la couleur qui les transgresse. L’action des beaux-arts de Séville jusqu’aux
d’une soixantaine d’artistes- peintres s’obligeait à faire un nom. C’est chose comme écrivait le critique d’art Denise du peintre s’apparente a la remon- pièces monumentales récentes. «Ce
et de poètes du « Zajale » représentant faite et sa reconnaissance est acquise, Divrone, est une peinture d’évasion tée d’un magma profond, agite par travail traduit mes expériences person-
25 pays du bassin méditerranéen, mais au point de s’affirmer comme artiste aux frontières de l’art figuratif, une l’amour, et qui se met en place. Il nelles et indique l’homme et les muta-
surtout de retrouver des visages- amis incontournable du paysage pictural interprétation subjective de la réalité faut fixer le regard pour distinguer les tions de la vie», indique Ahmed Ben
qu’on n’a plus revus depuis un bout de marocain. L’homme est taciturne, téné- objective. Le spectateur, en abordant formes et les figurants qui occupent Yessef. Bien au-delà de l’hommage
temps. Ils étaient là, également, pour breux. Est-ce parce que ses « portraits son œuvre, doit savoir qu’il va vers la l’espace. Brute et envahissante la pein- mérité, Ben Yessef entend mettre en
donner à cette devise du thème choisi imaginaires », « les artistes voyageurs rencontre de cette vision, sinon il ne ture se saisit de l’espace de la toile: exergue les étapes et outils décisifs qui
« Doukkala, pont de la rencontre des de nuit » et autres peintures chantent la peut la comprendre. Son acte pictural le noir reste pour la masse, la foule, ont forgé le style de Ben Yessef. « Mes
cultures » son véritable sens et pour solitude ? Les couleurs vives mais aussi n’a pas la prétention de reproduire la la multitude quand il est compact. créations s’appuient sur les œuvres
la mettre dans sa dimension humaine la sombritude des visages traquent des réalité visible, il essaie de saisir la S’il s’élève vers les tons pastel c’est de la collection privée de l’artiste,
réelle dans un contexte Marocain en interrogations où l’onirique et le sen- beauté spirituelle édictée dans les états pour métamorphoser la rigidité du plan significatives de son attachement à des
mouvance. Le Maroc est devenu une suel s’entremêlent paisiblement. Ne d’âme, en rendant l’invisible visible. sur lequel l’expression s’effectue en sujets aussi chers que les portraits de
référence culturelle incontournable à dit –il pas que chaque personnage peint En 1984, Feu SM Hassan II lui a écrit : lui donnant une troisième dimension, ses proches, ou encore sur des choix
traves son patrimoine historique, por- est un état d’âme. Personnage tiraillé et «Ces tableaux qui témoignent du degré celle de la profondeur, de l’immensité. décisifs de motifs récurrents, telle la
teur de germes fertiles au dialogue des tourmenté, nos sens s’en réjouissent. de perfection jamais atteint par l’art L’itération de cette composition met colombe. Autant de strates profondes
civilisations. Les villes d’El Jadida et Illustre icône de la peinture maro- pictural marocain, grâce à votre labeur l’ensemble en mouvement. Le peintre que l’âme de l’artiste traverse, pour
d’Azemmour, le portail de l’intersec- caine contemporaine, l’artiste Talal acharné et à votre ténacité opiniâtre de joue par touches pour faire vibrer l’at- nous en laisser l’empreinte. D’ailleurs,
tion, par excellence, des civilisations, a été décrit par le critique d’art Alain poursuivre avec constance, un effort mosphères de ses bruits et de ses sons Ahmed Ben Yessef est l’un des prin-
des cultures et de la gouvernance de Flamand comme «l’un des plus grands de recherche soutenu par une maîtrise qui accompagnent le mouvement des cipaux piliers de l’école figurative du
la diversité se positionne aujourd’hui peintres marocains ; peintre de la soli- adéquate de votre technique, honorent occupants de cet espace qui se struc- Nord. Son style, à lui seul, est une
comme étant un territoire intelligent tude et de l’essentiel par excellence». le Royaume ». ture par des lignes enracinées dans le école. «Son œuvre humaniste, porteuse
qui peut assurer la durabilité de toutes Et d’ajouter : «Peintre des foires ora- Abdellah Dibaji ou l’abstrait des magma profond et élancées vers l’hori- de paix et d’espoir, lui vaut la recon-
ces dimensions. Rendez-vous a été pris geux, peintre des couleurs vives, Tallal contours zon multicolore. Des senteurs se déga- naissance internationale et une place
les 22, 23, 24 et 25 janvier à El Jadida sait aussi se mettre à l’écoute de la nuit. Natif d’Azemmour en 1952, Abdellah gent et donnent a l’œuvre de Dibaji parmi les artisans du dialogue inter-
et à Azemmour, pour savourer les plai- Si sa peinture sensuelle est dramatique, Dibaji a étudié à l’école des beaux arts une vie, celle que le citoyen observe culturel». Après des études aux Beaux-
sirs d’un voyage sensoriel aux couleurs si sa peinture intellectuelle est onirique, de Tétouan avant de rejoindre Liège et dans son quotidien. C’est ainsi que arts de Tétouan, l’artiste s’est installé
de 25 pays arabes et européens. Ce sa peinture réaliste est franchement son académie des beaux arts. Ses toiles Dibaji exprime son amour, sa peine, à Séville en 1967 grâce à une bourse
deuxième festival sera, encore, le lieu tragique». Quant à Jean Bouret, célèbre ont fait le tour du monde. L’homme sa souffrance, sa révolte ou son espoir. pour la prestigieuse Ecole supérieure
de tous les échanges, de toutes les critique d’art français, il disait de lui explore l’imaginaire citadin qu’il res- Au risque de se tromper Dibaji est des beaux-arts Santa Isabel de Hungria.
générations d’origines confondues et dans «les lettres françaises», à l’occa- titue aux travers de ses rumeurs, ses enthousiaste, au moins par et dans sa Cet artiste s’est distingué très tôt par
où les valeurs de paix et de solidarité, sion de l’exposition de ses travaux en mouvements et ses lumières. Dans peinture. L’interrogation que suscite le des aptitudes exceptionnelles au dessin
d’ouverture et d’humanisme seront au 1967 à la Galerie «La Roue» à Paris, en une succession de plans, l’artiste mêle regard sur la toile s’accompagne d’un et à la peinture et une acuité dans l’ob-
centre de cette aventure humaine et faisant référence à la place de l’imagi- habilement des éléments de compo- optimisme qui se développe au fur et servation du réel. Il a raflé plusieurs
citoyenne. L’Association ‘’Azzouhor’’ naire dans sa peinture : «Les tableaux sition et des graphismes inspirés de a mesure que la lecture de l’expression prix dans son parcours. Il a été décoré
pour l’Art et le patrimoine d’’Azem- réunis ici sont d’une étrange beauté. notre quotidien, et met en avant une artistique arrive a distinguer les choses par feu SM le Roi Hassan II à Rabat
mour et l’Association Régionale de Je ne sais pas pourquoi ils m’ont fait foule humaine qui suggère à travers communes, connues et reconnues dans en 1993 et par SM le Roi Mohammed
l’Art et de la Culture sont le pont penser à William Blake, mais c’est ses touches délicates, ses mouvements cette ambiance ou la ruralité se dis- VI à Madrid en 2000. L’artiste-peintre
des opportunités et des initiatives qui ainsi et je n’y peux rien, même pas une et ses postures, les maux actuels et la pute avec l’urbanité: métamorphoses figuratif Ahmed Ben Youssef est aussi
œuvrent pour un Maroc bio, stable tentative d’explication». réalité de notre société moderne. Entre de l’espace dans l’attente de celles de celui qui immortalise les grands ren-
et compétitif. La dimension culturelle En 1971, René Huyghe, éminent pro- ce que perçoivent l’œil et l’interpré- ses occupants. Une ligne électrique qui dez-vous de notre Histoire grâce à nos
occupe une place en avant dans les fesseur au Collège de France et à tation que le cerveau en fait s’inscrit coupe l’horizon avec un lampadaire billets de banque de cent dirhams qui
activités de ces deux associations qui l’Ecole du Louvre de Paris et historien l’art d’Abdellah Dibaji. Il cherche la qui éclaire ou une ligne sur laquelle sont son œuvre. Parmi les œuvres, qui
se considèrent comme une valeur ajou- de l’art, lui avait consacré un texte convergence entre diverses écoles de sèche le linge devant des bâtiments resteront gravées dans l’histoire du
tée pour la promotion de notre identité dans le monumental livre qu’il avait l’art plastique. Sur ses toiles, l’abs- construits en ruche et prives de soleil, Maroc, une peinture sur toile de quatre
nationale et de notre projet de société publié sous le titre «Les arts dans le trait laisse apparaitre des contours qui alors qu’il éclate rougeoyant et flam- mètres sur le thème d’Al Massira, qui
basé sur les principes de l’identité, monde» chez Larousse. : «Ma peinture font deviner l’architecture figurée et boyant au dehors. Une multitude qui se a été reproduite sur une pièce de 100
de la modernité et de l’ouverture sur relève de la nouvelle figuration qui la silhouette des personnages qui se rue ou des cavaliers qui chevauchent DH pour la commémoration des 25
l’autre. L’événement est, en fait, une sort de l’ordinaire et suscite le choc. Je meuvent d’une œuvre à l’autre. Les les nuages a moins que cela figure le ans de l’accession au Trône de feu
animation culturelle et artistique d’un peins des personnages imaginaires et couleurs vives et chatoyantes s’étalent baroud d’une fantasia dans un pays en SM Hassan II, et plus tard sur le billet
niveau éminemment professionnel, fantastiques. A l’instar des artistes de sous forme de taches tout en caracté- liesse. D’autres aperçoivent une ville de 100 DH. Ahmed Ben Yessef n’est
digne du grand Doukkala. Quoi de la Renaissance, j’essaie de communi- risant une zone, exprimant un mou- aussi bien grouillante et vivante que pas uniquement un peintre. Il a écrit
plus légitime, pour sa 2ème édition, quer avec mes personnages un par un. vement ou laissant deviner une émo- structurée et en cours de civilisation. et publié également des poèmes et des
que le festival rende hommage à de Chaque personnage est un état d’âme, tion. Abdallah Dibaji veut fixer par sa L’œil de l’artiste transmet a sa main études critiques.
grands ténors de l’art pictural qui ont une œuvre d’art.
marqué de leurs pinceaux cet art aux Ahmed Ben Yessef, un pilier de l’école